Algérie: Le Hirak déchainé ce vendredi malgré la répression policière

Les manifestants du Hirak ont repris avec force, vendredi 26 février, leurs marches populaires anti-système pour faire entendre leur voix, en rejetant le pouvoir. Les forces de l’ordre ont réprimé les manifestants à coups de matraques et de gaz lacrymogène, mais le constat est là: Le Hirak est de retour.

Des centaines de manifestants ont bravé l’interdit pour la deuxième semaines consécutive depuis l’anniversaire des deux ans du Hirak pour acter le retour en force de ce mouvement qui avait précipité la chute du président algérien Abdelaziz Bouteflika en 2019.

« Dawla madania machi askaria », ont crié des centaines de manifestants dans la capitale algérienne, pendant que les manifestations se sont organisées aussi dans d’autres villes du pays. Alors que les marches étaient jusqu’ici pacifiques, le ras le bol des Algériens s’est fait ressentir et la tension était palpables dans les rues si bien que des altercations directes avec les forces de l’ordre ont eu lieu.

« Répression terrible à Alger. Matraquage et gaz lacrymogène à la rue Victor Hugo », indique le site Interlignes.

 

Et la présence d’un imposant dispositif militaire, le survol des villes avec des hélicoptères n’a pas joué en faveur du pouvoir qui a montré encore une fois les crocs, face à des revendications légitimes et pacifiques. Et déjà, plusieurs arrestations ont été signalées notamment à Oran, Annaba et Bouira, selon la presse algérienne.

« Le peuple qui se libère c’est lui qui décide, l’Etat civil! Tebboune est illégal, Tebboune et l’armée », ont crié des centaines de manifestants à Alger après avoir cassé le cordon de sécurité en se dirigeant vers la place Audin.

 

Vendredi, les forces de l’ordre se sont acharnées sur les civils en les attaquant avec des matraques des du gaz lacrymogène.  » Hirak: Les manifestants tentent une manifestation malgré l’important dispositif sécuritaire mis en place depuis le début de matinée. Escarmouches entre forces de l’ordre et manifestants au niveau du stade du 1er novembre », a écrit un internaute depuis Tizi Ouzou.

 

« Munis de nos armes que sont le nombre, la silmya (le caractère pacifique des marches, ndlr), notre unité et nos masques, envahissons nos rues dans tout le pays et marchons pour la liberté; la justice, la démocratie et l’état de droit. Nous y sommes presque. », a écrit un autre internaute, tandis qu’un autre a listé les villes dans lesquelles le Hirak.

 

« Des manifestants aujourd’hui vendredi 106 (manifestation) Alger, Constantine, Béjaïa ,Oran ,Tizi Ouzou, Skikda, Annaba, Bourj Bouararij, Bouira, Oum Bouaqi, Médéa, Blida, Sétif… #HIRAK_IS_BACK_IN_ALGERIA (le Hirak est de retour en Algérie, ndlr). 

 

Cette reprise du Hirak intervient au moment où tous les indicateurs en Algérie sont au rouge, et la patience du peuple algérien a atteint ses limites, provoquant de plus en plus d’épisodes de manifestations de colère dans les rues ces derniers mois malgré les restrictions dues au coronavirus en vigueur.

Cependant, de nombreux algériens attendaient patiemment de voir s’il y aura une manifestation pour marquer les deux ans du Hirak le 22 février, avant de reprendre cet élan démocratique arrêté brutalement avec la pandémie.

Le Hirak qui se distingue par l’absence de leader ou de mouvement qui le soutien, et est le fruit de l’attachement populaire à une cause ultime, à savoir le renversement du pouvoir militaire pour établir un Etat civil et démocratique. Cette particularité du Hirak, explique son caractère « imprévisible » qui a toujours une longueur d’avance sur le pouvoir.

En mal de légitimité, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, a tenté la réconciliation à la veille de l’anniversaire des deux ans du Hirak, en remettant en liberté une cinquantaine de détenus d’opinion.

Alors qu’il espérait par ce geste faire avorter les manifestations, le président s’est heurté à la réalité du terrain. Ni le dispositif sécuritaire, ni la pandémie, n’aura empêché des milliers de manifestants de battre le pavé pour faire passer un message. Celui que le combat se poursuivra tant qu’il n’y aura pas de satisfaction des demandes du peuple.

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